#1 Réunion
Ce soir, c'était décidé, nous avions un rendez-vous avec une association !
Après quelques échanges avec A. nous avions un lieu où se rendre. Ouf... On avance. Rassurés, excités et motivés, il fallait juste désigner les membres qui allaient se rendre au rendez-vous. Désignation ? Volontariat plutôt !
Vous devez savoir que l’'association a des heures de permanence dédiées à l'échange entre les membres concernant les conditions des migrants vivant dans le squat de Chantenay. Exceptionnellement nous avions eu le droit d'y assister.
Aussitôt après la fin du cours, on terminait assez tôt, on avait tout le temps d'y aller sans risquer d'être en retard. M'enfin... Vous ne connaissez pas encore la suite. Etudiants résidents à Nantes depuis Septembre, heureusement que le GPS existe !
Donc, nous partions en expédition, direction le squat. Pour prendre le tram, ça allait, pas de problèmes particuliers, nous connaissions la route. Un de nos camarades eut même le temps de faire ses courses de la semaine.
Nous pensions avoir le temps, nous pensions même avoir le temps d'avancer les thématiques à préparer en anglais, de nous arrêter dans un café .... Nous étions zen. Apparemment, en bus, nous n'étions pas loin, à environ 30 minutes.
En fait, le temps passe trop vite. Le temps défile à une allure folle. Comme si nous étions rattrapés par la réalité, nous nous sommes rendus à l'arrêt de bus. Il était là. Comme s'il nous attendait.
Donc, cette fois nous étions bien en route.
Une fois descendus, silence. Ce qui était surprenant c'était qu'aucun passant, aucun son hormis les oiseaux n'étaient audible, ni visible. Pour une première fois, ça donnait un sentiment étrange. La nuit tombée également, accentuant l’atmosphère étrange… Petit à petit nous fûmes vite éclairés par les lampadaires.
Comme nous n'étions pas certains de la direction, nous avons utilisé le GPS, pour ça, les smartphones sont bien utiles. Quoi que.... Même avec ça, nous nous sommes trompés de route. Finalement, on trouva un coupe pour demander notre chemin : "Savez-vous où se trouve la rue Fontaine des Baronnie?" Ils se regardent, confus. Visiblement, nous devions aller dans un endroit inconnu. Puis, déclic. Le couple nous indique une direction. C'était la bonne.
On appela A. tout de même pour le prévenir que nous serions en retard. Pour être en retard, nous l'étions. Au téléphone, il disait que nous étions attendus, ce qui accentua un peu de notre gène.
Nous le rejoignions au squat où il nous présenta aux membres du groupe de l'association. La réunion se passait dans une salle étroite, une lampe éclairait la pièce et nous étions assis sur des chaises en rond. A. présidait la réunion.
A nouveau, nous nous sommes présentés, face au groupe en entier y compris les migrants qui résidaient dans le squat. On voyait une complicité et une infinie bonté envers les migrants. Les membres les aidaient avec plaisir et on pouvait voir sans difficulté qu'ils prenaient à coeur la situation. C'est admirable et tellement courageux de leur part de se battre pour améliorer les conditions de vie.
La réunion se déroula bien. Nous apprenions des choses.
La richesse de l'échange qui en découlait était incroyable. Une vrai bouffée d’air. Lee, Geoffrey, Volkan et moi, étions tous d'accord sur la dimension humaine qui découlait de la réunion.
Le temps qui, tout à l'heure nous avait paru avancer si vite, était passé lentement, comme si pendant une heure nous étions hors du temps.
Pendant ce peu de temps avec eux, beaucoup d’émotions ont été ressenti. A la fin, nous en sommes sortis grandis, peut-être plus mûrs que nous ne l'étions auparavant. Nous avons pu voir au travers de ce que ce que la plupart des personnes redoutent ou n'osent faire face.
Cette première expérience au contact des personnes du Collectif et des migrants mettait un point d'honneur à confirmer que nous avions fait le bon choix de projet.
Notre projet s'inscrit dans la durée, dans un temps long, qui pourra surement, à terme, permettre à d'autres de gens de voir au travers nos yeux.
Cette première soirée avait été riche en rencontre et en compréhension d'autrui. En effet, notre petit groupe a eu tout le loisir de saisir les situations réelles à Nantes. Les conditions de vie n'étaient pas si « vivables » que ça.
Vivre avec la peur de se faire expulser, de manquer d'intimité et risquer même les incendies... Personne ne mérite de vivre avec de tels aspects sombres.
La tête encore remplie des choses qui avaient été dites, nous repartons chez nous.
Cette fois, nous avons trouvé l'arrêt de bus.
Une des choses à retenir est qu'aussi, bien que la façade du squat soit sombre, l'intérieur est lumineux. La bonté des gens qui y sont fait ressortir toute la qualité de l'être humain en dépit de son côté mauvais.